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30/12/2020

Comment écrire un haiku
Peut-être est-ce dû à sa tradition symboliste ou surréaliste, mais la France a, depuis longtemps, les yeux de Chimène pour les haikus. Depuis, au moins, 1905, date à laquelle a été codifiée dans le pays la forme française du haiku. Et, le fait est que le haiku occupe une place de choix dans la poésie française.
On ne compte plus les auteurs francophones, célèbres ou non, qui publient régulièrement des haikus. A défaut de publier, les sites web spécialisés où il est possible de se confronter librement ses haikus à d’autres haikus sont innombrables.
Le succès est tel qu’il s’est traduit, notamment, par la création d’une association telle que « l’Association francophone de haikus ». Alors que faut-il savoir sur les haikus ?
Origines du haiku
Le haiku a une origine japonaise. En général, les spécialistes en donnent la paternité au maître japonais de la deuxième moitié du 17 ème siècle, l’époque des shoguns et des samouraïs, à Matsuo Basho. Mais, le mot « haiku », lui-même, a été forgé beaucoup plus tard.
En effet, c’est à Matsaoka Shiki, un autre maître japonais, qu’on le doit. Il créa le mot en 1891 à partir de deux autres mots : haikaï et ku. Le premier, signifie poème en 17 « mores », ou syllabes, et le second, « vers ». Car, le haiku est un poème qui se définit, principalement, par la nature de son premier vers et sa brièveté.
En France, on doit les premières études sur la haiku à Paul-Louis Couchoud. Il préfèrait dire à l’époque haikaï, dont la sonorité lui paraissait moins triviale. En 1905, il publie la premier recueil de haikus français, intitulé « Au fil de l’eau », écrit avec deux autres amis, André Faure et Albert Poncin.
Dans ce recueil de 72 haikus, on trouve celui-ci, dont il est bien l’auteur :
Dans le soir brûlant
Nous cherchons une auberge
O ces capucines
On peut considérer que c’est un des tous premiers haikus français, sinon le premier.
Définition du haiku
Paul-Louis Couchoud en donne la définition suivante, toujours valable, aujourd’hui :
Il n’est comparable ni à un distique grec ou latin, ni à un quatrain français. Ce n’est pas non plus « une pensée », ni « un mot », ni un proverbe, ni une épigramme au sens antique, c’est-à-dire une inscription, mais un simple tableau en trois coups de brosse, une vignette, une esquisse, quelque fois une simple touche, une impression. »
Le meilleur exemple en est donné par le plus célèbre des haikus, celui écrit par Matsuo Basho :
Furuike ya kamazu tobikomu misu no oto
Ce qui, traduit en français, donne :
Un vieil étang
Une grenouille qui plonge
Le bruit de l’eau
Comment écrire un haiku
• La première règle de composition d’un haiku est qu’il comprend 3 lignes ou 3 vers. Le premier fait 5 syllabes, le second, 7 et le troisième, 5, à nouveau. Soit, 17 syllabes, en tout.
Ni plus, ni moins. Cette règle doit être scrupuleusement respectée.
Car, le haiku est, fondamentalement, une discipline mentale.
N’oublions pas qu’au Japon, il date de l’époque des samouraïs. Et, comme pour les arts martiaux, on y trouve des maîtres de haikus. Par ailleurs, dans beaucoup de cultures, le chiffre « 3 » a une indéniable résonance sacrée.
• La deuxième règle est celle du « Kigo » et du « Kireji « , c’est-à- dire, celle des deux piliers sur lequel un « haijin » ou un « haikiste« , autrement dit, l’auteur du poème, construit son haiku.
Jean Antonini, le président de « l’association francophone de haikus » rappelle le rôle de ces deux piliers de la manière suivante :
Le haiku comporte un « kigo », (mot de saison), qui le lie à la réalité. Un « kireji », (césure), parfois représenté par un tiret « -« , marque un silence pendant la lecture, soulignant la tension entre une ligne et le reste du poème. Il représente deux idées (images) juxtaposées.
Ce sont sont là, les deux règles de base d’un haiku.
Comment donner du sens à un haiku
Un haiku d’inspiration japonaise a, à la fois, un sens spirituel et une utilité sociale.
Sur un plan spirituel, sa vocation première est de ramener le haikiste et son lecteur dans « l’ici et le maintenant. « En effet, la plupart du temps, la tendance de tout un chacun est de se projeter dans l’avenir ou de se plonger dans les regrets. C’est le rôle assigné au « kigo ».
Il fait toujours allusion au présent par l’évocation d’une saison, de la nature ou d’un moment particulier. Pour l’aider dans ses choix, il existe des almanachs uniquement constitués de listes de mots pouvant servir à faire des « kigo ».
On le voit bien avec cet haiku de Wanatabe Suiha, haikiste moderne :
Le grand jour blanc
Que dénude l’âme –
Feuilles mortes
« Le grand jour blanc », c’est, évidemment, l’évocation de l’hiver. A noter le « kireji » à la suite du mot « âme ». Il indique que le lecteur doit faire une pause et suspendre, un temp, sa lecture. Il faut qu’il prenne celui de se laisser pénétrer par le froid de l’hiver. Et, après seulement, il peut passer à l’image suivante, celle des « feuilles mortes ».
A noter qu’une particularité du haiku est de se lire, en principe, à haute voix. C’est ce qui en renforce le sens.
Autre aspect du haiku, son utilité sociale. Sans entrer dans les détails, Jean Antonini, auteur déjà cité, aime à dire, en effet, que :
Le haiku favorise le lien social, l’écoute et le dialogue. Il véhicule un esprit pacifique et bienveillant.
Participer à des concours et à des forums spécialisés
Indépendamment des aspects évoqués ci-dessus, Au Japon, il existe de nombreux concours de haikus qui réunissent des milliers de participants. Par pur plaisir poétique. Il en existe aussi beaucoup en France. Dans le cadre, notamment, du printemps des poètes.
Citons, entre autres, celui intitulé « Un haiku pour le climat » qui a lieu, chaque année, en mars-avril, et qui en est cette année à sa cinquième édition. Il est organisé par le CLER, réseau pour la transition énergétique, en partenariat avec les « Grands parents pour le climat », « l’Association francophone de haiku », « l’Association négaWatt » et les éditions l’Iroli.
Comme le disent les organisateurs du concours ouvert à tous :
L’enthousiasme, l’esprit collectif et la capacité mobilisatrice des œuvres amateurs, scolaires ou semi-professionnelles présentées chaque année, montrent les multiples visages de la transition énergétique sur le terrain.
Mais, en dehors des périodes de concours, les haikistes peuvent aussi publier leurs œuvres sur des forums. Comme, par exemple, Patrick Péronne, avec le haiku, ci-après, paru sur Short-éditions.
Exemples de haikus publiés sur un forum
En confinement
Près de mon oiseau en cage
Bêtement je siffle
Ou encore celui-ci de Etaire Eire sur jepoemes.com :
En confinement –
De contacts illimités
nos âmes rêvassent
Les deux haikus respectent bien la composition en 5-7-5.
Par ailleurs, l’expression « En confinement » est parfaite.
Elle comprend les 5 syllabes de rigueur et correspond totalement à un kigo en évoquant un moment particulier et facilement identifiable.
De plus, les deux haikus font, au total, 17 syllabes. A noter que le deuxième haiku, celui de Etaire Eire, inclut un kireji à la fin du premier vers.
Enfin, chacun des deux haikus oppose deux images, celle du confinement et pour l’un, celle de la « cage », mais, pour l’autre, celle de « l’évasion ».
Haikus et apprentissage du français dans les écoles
Un jardin botanique comme le jardin de Kofu à Pau sert de support à un expérience pédagogique innovante conduite auprès d’élèves des cycles primaires de la ville. Le jardin, dit de la sérénité, a été conçu avec l’aide de la ville japonaise de Kofu.
Cette dernière est jumelée avec Pau depuis 1977 et le jardin a été inauguré en 2005.
A partir de la visite de ce jardin, on a demandé aux élèves de rédiger des haikus, inspirés par les différents points de vue, crées par les jardiniers. Puis, une dizaine d’entre eux ont été calligraphiés sur de grandes ardoises et fixés près des endroits qui les avaient suscités.
Évidemment, la structure de ces haikus ne respecte pas trop les règles de la composition d’un haiku traditionnel. Mais là n’est pas l’intérêt de l’exercice. Ce qui est attendu des élèves, c’est qu’ils parviennent à mettre des mots sur leurs sentiments ou leurs émotions. Et en faisant cela, qu’ils comprennent, que mieux ils maîtrisent leur langue, le français, mieux ils communiquent avec leur entourage.
Pour ce faire, le haiku est très commode, il est court et ancré dans le présent.
Écrire un haiku, un geste quotidien
L’écriture d’un haiku est pour beaucoup de haikistes un moyen de pratiquer une méditation active. A son plus haut niveau, c’est, en effet, un art de la discipline mentale et de la distanciation qui s’exprime par la maîtrise de l’expression et le choix du mot juste.
Pratiqué d’une façon ludique, c’est une façon de « remettre les pieds sur terre » et de s’extraire d’une abstraction envahissante.
La plateforme japonais.eu cite les trois haikus ci-après pour illustrer les différents aspects que peut prendre l’approche mentale du haiku :
Approche élégiaque :
Un papillon jaune
S’assoie sur un bouton d’or
Le vent souffle doucement
Lâcher-prise :
Jour de paresse
Comptant sur un coup de vent
Pour tourner ma page
Retour au réel :
Dans ce monde de rêves
Je cultive des oignons
Solitude
Herman Van Rompuy, ancien Premier ministre belge et ancien président du Conseil européen, a publié ceux qui ont accompagné une grande partie de sa vie politique. Il avait d’ailleurs, un jour, terminé un discours, lors d’une séance réunissant la « troïka » européenne, par le haiku suivant :
Trois vagues déferlent
Abordant ensemble au port
Le trio est rentré
Notons, enfin, que l’autoédition est une excellente façon de préserver ses haikus.
Auteur : CoolLibri Impression de livre